À l’origine du saut à l’élastique : la folle histoire de l’Oxford Dangerous Sports Club

À l’origine du saut à l’élastique : la folle histoire de l’Oxford Dangerous Sports Club

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© Photo by Anoof Junaid/Unsplash

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Par Nina Iseni

Publié le

Pionniers du saut à l’élastique, les membres du club prouvent une nouvelle fois que la folie des Anglais n’a pas de limites.

À l’instar des matchs de football géants dans la ville d’Ashbourne ou des courses au fromage à Gloucester, l’Angleterre est une nouvelle fois le berceau d’une histoire de sport peu commune. Presque méconnue du public français, celle de l’Oxford Dangerous Sports Club (le club des sports dangereux d’Oxford), fondé par de jeunes Anglais, pour la plupart étudiants de la prestigieuse université d’Oxford, à la fin des années 1970, raconte la genèse de ce qu’on appelle aujourd’hui les sports extrêmes.

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Ces “Jackass” avant l’heure étaient spécialisés dans toutes sortes d’activités à (très) haut risque : catapulte humaine sans filets, descente de collines escarpées à l’aide de caddies de supermarché, ski acrobatique sur des luges artisanales, deltaplane au-dessus de volcans actifs, vols en ULM, véloski, rafting dans des torrents sur un matelas de lit… Mais c’est une autre de leur activité, pour laquelle ils font figure de pionnier, qui va permettre à ces dandies anglais d’accéder à la notoriété : le saut à l’élastique.

C’est Chris Baker, l’un des membres du club, qui a eu l’idée d’effectuer ce premier saut dans l’inconnu (littéralement). Dans une interview accordée à la rédaction de Vanity Fair, il se confie sur la façon dont l’idée lui est venue :

“Je me rappelle qu’à l’école on nous avait montré un film sur les sauteurs de Nouvelle-Guinée qui construisaient ces tours en bambou, attachaient ensuite le bout d’une liane à la tour, l’autre bout à leur cheville, et plongeaient dans le vide [À l’origine, les premiers sauts à l’élastique étaient des rites de passage à l’âge adulte pour certaines populations du Pacifique, ndlr]. L’idée de prendre des cordes élastiques et de sauter d’un pont m’est donc venue. Et j’ai pensé : ‘Ouais, pourquoi pas ?'”

Le 1er avril 1979, après avoir passé une nuit à faire la fête, les membres du club se rendent sur le Clifton Suspension Bridge, à Bristol. Là-bas, à partir de 9 heures du matin, habillés en smoking et avec des chapeaux haut-de-forme, ils se jettent à tour de rôle de la structure haute de 76 mètres et marquent par la même occasion l’histoire en effectuant les premiers sauts à l’élastique du monde occidental, au sens moderne du terme. Arrêtées par la police dans la foulée, ces têtes brûlées sont rapidement relâchées, mais ce saut a permis d’attirer l’attention de la presse britannique. Quelque temps plus tard, ce premier essai est suivi d’un second saut du célèbre Golden Gate Bridge à San Francisco. Ce dernier, filmé par la télévision américaine, ne fait qu’accroître leur notoriété. 

Par la suite, dans les années 1980 et avec le développement de l’équipement de bungee jumping, certains membres du club commencent progressivement à commercialiser le saut à l’élastique en Grande-Bretagne, faisant sauter près de 400 personnes par week-end. Entre-temps, ce sport extrême a été popularisé dans d’autres parties du globe, offrant aux grands téméraires une expérience hors du commun. Mais l’histoire de l’Oxford Dangerous Sports Club a une fin funeste. En 2002, deux anciens membres du club sont accusés d’homicide involontaire après la mort d’un étudiant qui avait testé l’une de leur catapulte humaine.

À la croisée des chemins entre sport et aventure : le saut à l’élastique est devenu l’une des activités extrêmes des plus populaires à laquelle s’adonnent des milliers de personnes par an à travers le globe. La folle histoire de l’Oxford Dangerous Sports Club nous rappelle donc que parfois, il suffit juste d’une idée un peu folle, concrétisée par des gens un peu fous, pour que cette dernière soit l’idée du siècle. Mais bien évidemment, on ne vous pousse pas à vous mettre en danger pour autant.