“Je n’ai atteint aucun de mes objectifs, c’était très violent” : entretien avec Mattéo de Koh-Lanta

“Je n’ai atteint aucun de mes objectifs, c’était très violent” : entretien avec Mattéo de Koh-Lanta

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© A.ISSOCK/ALP/TF1

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Par Emma Couffin

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"Ce qui m’a manqué, c’est un climat de confiance."

Fasciné par Koh-Lanta depuis son enfance, Mattéo, jeune danseur au Conservatoire National Supérieur de Paris, avait décidé de tenter sa chance lors de cette 23e saison, dite du Totem Maudit. Aux côtés de l’équipe violette, l’aventurier espérait rester longtemps dans l’émission, mais son manque d’alliés lui a valu d’être éliminé dès le deuxième conseil… Après une victoire à l’épreuve de confort, la tribu violette échoue à l’épreuve d’immunité. Anéanti par cette défaite et se sachant en danger, Mattéo a montré des signes de faiblesses, se retrouvant alors dans la ligne de mire de ses coéquipiers. Quelques mois après, il revient sur son aventure, ses rencontres et ses regrets.

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Konbini Sports | Quel est ton parcours ? Qu’est ce qui t’a fait passer du monde de la danse à Koh-Lanta ?

Mattéo | J’ai commencé la danse à l’âge de 7 ans, un peu par hasard. Rapidement, j’ai voulu intégrer une grande école pour me former et en faire mon métier. J’ai d’abord intégré l’école de danse de l’Opéra de Paris puis le Conservatoire Supérieur de Paris. Là, je suis en fin d’études, je commence à me professionnaliser. Mon objectif maintenant, c’est d’intégrer une compagnie de danse dès l’année prochaine.

Participer à Koh-Lanta, c’était un rêve pour moi. Depuis tout petit, je suis passionné par les mécanismes de l’émission. Le fait que ce soit un jeu grandeur nature me passionne, je trouve que ça fait appel à plein de capacités que j’aime bien. Il y a les capacités sportives et le dépassement de soi qu’on retrouve beaucoup dans la danse classique mais aussi le côté stratégique que j’aime beaucoup. J’avais envie de voir l’envers du décor et défendre mon sport. J’avais envie de sortir du milieu de la danse car c’est un milieu fermé sur lui-même, élitiste, donc je voulais me mesurer à d’autres candidats issus d’autres milieux sociaux.

Comment as-tu vécu l’aventure ? La météo, les épreuves, l’élimination… C’était plus dur que ce que tu imaginais ?

Plus le jeu avançait, plus je me sentais mal. Je n’étais pas bien car je me sentais en danger. J’avais mis beaucoup d’énergie dans Koh-Lanta, beaucoup d’espérances. J’attendais que le jeu me donne confiance en moi. J’avais des choses à prouver, j’avais envie de bien faire et d’aller loin dans l’aventure.

Ce que j’ai ressenti sur place n’avait rien à voir avec les difficultés liées à la condition physique, c’est cette difficulté que j’étais venu chercher. Même si les conditions étaient très dures : on était tout le temps trempés et dégueu, on avait très faim… On était dans des conditions extrêmes qui rendaient l’aventure très difficile, donc c’était compliqué de se raccrocher à quelque chose.

Tu ressentais un décalage avec les autres aventuriers du fait que tu étais jeune ?

Quand tu es jeune sur Koh-Lanta, tu manques d’expérience, de savoirs… Tu dois faire tes preuves pour te sentir plus écouté. Forcément, certains peuvent nous prendre sous leur aile, ce qui est rassurant, mais il y a un côté infantilisant. Ça aurait pu être une force, mais ça n’a pas été le cas. On ne m’écoutait pas trop.

Ce qui m’a manqué, c’est un climat de confiance. Je fonctionne à l’affect, je le sais, j’ai eu l’occasion de l’expérimenter dans ma formation de danseur. Donc ce qui m’a manqué, c’est de la confiance en moi et de la valorisation. Les gens de mon équipe étaient très gentils et me soutenaient, mais comme je me sentais en danger, ils avaient beau être gentils, si je savais qu’ils votaient pour moi, ça ne changeait rien à mon mal-être. Je ne blâme personne, car ce sont les mécanismes du jeu, mais je manquais d’alliés, j’ai manqué de soutien.

Comment as-tu vécu l’élimination ?

Au moment de l’élimination, j’étais sonné, je n’avais pas réalisé que le Koh-Lanta en lequel j’avais placé toutes mes espérances se terminait comme ça. Ça ne se passait pas comme je l’avais imaginé. C’est rare que les profils jeunes comme moi soient éliminés au début… Je ne m’y attendais pas, mes proches non plus d’ailleurs, ils étaient tous assez surpris. Je n’avais atteint aucun de mes objectifs, c’était très violent. Mais c’est comme ça, c’est triste, c’est dommage. J’avais un vrai deuil à faire après l’émission.

Tu trouves que les candidats ont fait preuve d’hypocrisie ?

Non, on le savait, on se parlait beaucoup de vive voix. Il n’y a pas eu de grosse trahison, mais c’est toujours dur de penser que des candidats très gentils puissent voter contre toi, ça fait mal. Ce côté du jeu est très difficile. Humainement, c’est quelque chose de difficile. Moi qui aime les jeux de stratégie et qui suis bon là-dedans, ce n’est vraiment pas pareil de faire de la stratégie autour d’une table et des stratégies en jouant avec les émotions des uns et des autres.

Avec Stéphanie, on a été obligés de voter l’un contre l’autre, on a fait ce choix pour que la personne qui reste, que ce soit elle ou moi, puisse être plus intégrée dans le groupe…

“Je voulais montrer ce que je vaux sportivement, je voulais m’intégrer au sein d’un groupe…”

Si on te proposait de refaire l’émission, tu accepterais ? Tu changerais quoi ?

Dès le départ, on est beaucoup jugés sur les apparences et ça m’a desservi. En fait, il faut faire comme si on était le meilleur. Globalement, j’ai été très humble — je préfère largement l’humilité à la prétention. Mais ça n’a pas fonctionné. Je n’ai pas pu gérer la pression de l’élimination. Je rêverais de le refaire, ne serait-ce que pour bien le vivre. Je voulais montrer ce que je vaux sportivement, je voulais m’intégrer au sein d’un groupe…

Avec le recul, je me dis que si je revenais à Koh-Lanta, je cacherais un peu plus mes faiblesses, je ne verbaliserais pas forcément le fait de me sentir en danger, je serais ultra-positif. Je rêverais de le refaire pour prendre du plaisir dans l’aventure, pour atteindre mes objectifs personnels. Mais j’en garde un super souvenir. Ça m’a permis de rencontrer plein de gens.

Quel est ton meilleur souvenir de l’aventure ?

Mon meilleur souvenir, ce sont les épreuves, ma victoire sur l’épreuve de confort avec Bastien, c’était un moment fort mais de courte durée car il a fallu tout de suite sortir quelqu’un de l’équipe, Setha. J’ai adoré disputer l’épreuve des élastiques du premier épisode. J’avais vraiment envie de faire plus d’épreuves, de participer au jeu. Même au niveau stratégique, j’avais envie de faire mes preuves, de jouer toujours avec beaucoup de bienveillance, mais je n’en ai pas eu l’occasion.

Que penses-tu de l’abandon de Franck ?

J’ai eu du mal à comprendre son abandon. Je comprends le discours qu’il a eu, car moi-même je ne me sentais pas bien dans le jeu, je ne profitais pas, mais j’espérais que Koh-Lanta change très vite. J’étais tellement conscient de la chance que j’avais, des efforts que j’avais faits pour en arriver là que, même si ça se passait mal, je n’avais aucune envie d’abandonner.

“Stéphanie est très intelligente, vive d’esprit, elle m’a vite cerné”

Tu disais que tu regardais l’émission depuis longtemps… Quel·le·s sont les candidat·e·s qui t’ont inspiré, qui t’ont donné envie de participer ?

Clémence a réussi à jouer avec beaucoup de bienveillance. Elle a une humanité et un côté stratégique que je trouve super beau. Jérémy aussi était un peu pareil. Ce sont des candidats simples et bienveillants qui sont très humbles, performants sur les épreuves et qui savent la jouer stratégique.

Si un·e de tes proches souhaitait faire Koh-Lanta, que lui dirais-tu ?

Je lui dirais d’y aller avec peu de pression, de voir ça comme une super expérience, je lui dirais “ça va être très difficile, il va falloir résister aux épreuves”. Il faut être confiant et positif pour aller loin, il faut savoir s’entendre avec les gens. C’est difficile de donner des conseils car chaque Koh-Lanta est différent, ça dépend de tellement de facteurs, notamment des gens autour de soi. J’en étais très conscient avant de commencer.

Depuis l’aventure, tu as gardé contact avec les autres candidat·e·s ?

J’ai beaucoup de contacts avec Stéphanie et avec pas mal de gens, Samira par exemple. Stéphanie est une amie, on s’appelle énormément et même si elle n’avait pas été dans mon équipe, c’était la fille avec qui je m’entendais le mieux. Elle est très intelligente, vive d’esprit, elle m’a vite cerné — ça va très vite, les relations avec elle — elle est honnête, elle met très à l’aise, j’avais besoin de cette confiance et de me sentir considéré.

Tu penses retenter une émission de ce genre ? Pékin Express par exemple ?

C’est marrant car beaucoup de gens me demandent si je pouvais faire Pékin Express en duo avec Stéphanie. J’aimerais beaucoup et Stéphanie serait extrêmement performante dans ce genre d’émission. Elle est sociable, elle parle plein de langues, elle a beaucoup voyagé. Ce serait extrêmement facile pour elle de se repérer. On est un duo qui se complète, c’est sûr ce serait fou, mais je préfère Koh-Lanta !