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Les rappeurs se sont-ils tous vraiment fait les ligaments croisés ?

Les rappeurs se sont-ils tous vraiment fait les ligaments croisés ?

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Par Roch

Publié le

"La rupture des ligaments croisés", un classique derrière les carrières de footballeurs avortées des rappeurs...

“J’aurais pu percer dans le foot, mais je me suis fait les ligaments, tu connais !” Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Elle peut sortir de la bouche d’un pote, d’un collègue de Five ou encore d’un rappeur français en interview. Alors, mythe ou réalité ?
Pour un jeune des quartiers, le foot et le rap peuvent être souvent vus comme les deux moyens les plus juteux de s’en sortir, et ce sont généralement deux des passions qui animent le plus les zones populaires en France. Voilà – en grossissant le trait – pourquoi ces deux milieux sont souvent liés et pourquoi certaines personnalités auraient pu autant percer dans un genre que dans l’autre.
L’alpha de ces générations venues de banlieue pour tout péter dans la musique ou le sport est bien sûr Kool Shen. Certains l’ont peut-être oublié, mais NTM aurait pu ne jamais exister si le jeune Bruno Lopes avait fait le choix de rejoindre le centre de formation du RC Lens à 15 ans. Trop jeune pour quitter son foyer, le petit gars du 9-3 préférera se consacrer au hip-hop émergeant en France plutôt qu’au ballon rond.
Un choix qui serait vu comme totalement hérétique aujourd’hui, où les perspectives des millions brassés dans le sport en font le rêve numéro 1. D’ailleurs, Dinor a rapidement tranché quand il a cumulé les signatures en maison de disques et au centre de formation de Sochaux. Topas, du label de MHD, semble avoir fait le même choix puisqu’il n’a plus sorti de musique depuis sa signature à Valenciennes.
Mais revenons à notre sujet : ils auraient dû percer, ils se sont blessés et les voici dans la musique. C’est finalement Sefyu qui lancera cette “mode”. Énorme tête d’affiche du rap français de la fin des années 2000, Youssef aurait pu également être une star du foot en signant à Arsenal à l’âge de 17 ans après avoir réussi son essai. Gêné par un début de pubalgie (et le manque de structures du club à l’époque) comme il l’a raconté dans Le Vestiaire, il préfère repousser une échéance qui ne reviendra jamais. Le mythe est né. La décennie suivante voit fleurir un nombre important de rappeurs passés par les terrains, avec plus ou moins de réussite et de niveau.

Il y a ceux qui ont frôlé une carrière professionnelle. On pense à Sam’s, tout d’abord. Le Bordelais, qui a côtoyé Mathieu Valbuena en jeune, s’est vraiment fait les ligaments croisés. Après avoir été promené un peu partout en Europe par son agent, il n’aura pas la force de poursuivre. Pas assez pour freiner sa soif de réussite qui l’emmènera dans le rap, et désormais le cinéma où il a joué une star des terrains verts en fin de carrière dans La Surface de réparation.
Si sa modestie légendaire empêche d’en savoir plus sur son niveau réel, Jul a joué chez les jeunes de l’OM et ceux qui le côtoient n’hésitent pas à dire qu’il avait la technique pour finir pro. C’est également une blessure qui a freiné son ascension dans son club de cœur, comme nous l’ont confié ses potes du Ghetto phénomène. À cette occasion, Freaz, membre du quatuor, nous racontait qu’il n’a pas réussi dans le football non pas à cause des ligaments croisés, mais plutôt à cause… des Suédoises. Le Marseillais était parti en Scandinavie pour signer pro à la fin de sa formation.
Les Suédoises font donc partie des excuses sorties par des artistes pour justifier le fait de ne pas avoir fait carrière, au même titre que la fumette (pour Ninho), la taille (Bramsito) ou encore l’indiscipline, qui a poussé la maman de Benash à lui supprimer la licence. Sans oublier ceux qui avouent le plus honnêtement possible être tout simplement nuls comme Dabs, Kaaris, Jazzy Bazz, Damso, Sofiane (bon joueur à la cité, mais étonnamment mauvais dès qu’il y avait des arbitres…), Roméo Elvis, Alonzo ou encore Nemir. La palme du comble revient à Vegedream qui, même s’il n’avait pas le niveau, s’est fait les ligaments croisés : les dieux du foot avaient un seul plan pour lui et on l’a tous chanté l’été 2018.

Le foot à 11 n’est plus le seul jeu de balle au pied à avoir des professionnels et L’Allemand et Benab auraient pu faire carrière… au futsal. Tandis que le Lyonnais s’est également fait les croisés (en moto), l’artiste de Sevran a eu quelques conflits avec son club alors qu’il jouait déjà en pro et a préféré lâcher l’affaire. Enfin, il y a Prime, le rappeur-youtubeur qui lui aussi a eu cette maudite blessure alors qu’il aurait pu percer dans le foot… américain !
Si, finalement, peu de joueurs ont été victimes de cette blessure, elle reste pourtant effrayante. Il faut dire que l’absence des terrains est en général de 5 mois minimum suite à une opération quasi systématique. Il faut encore parfois compter encore plusieurs semaines pour que le joueur retrouve la pleine capacité de ses jambes.
Robert Pirès et Roberto Baggio, qui manquent le Mondial 2002, Ronaldo et ses deux ans d’absence (techniquement, il s’agit de la très proche rupture de la rotule) ou plus récemment Falcao, à cause d’un mauvais tacle face à des amateurs en coupe de France, ont participé à faire de cette blessure le cauchemar de tout joueur de foot et l’excuse la plus célèbre des carrières avortées.

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