On a discuté avec Martin et Loury, deux aventuriers pas comme les autres

On a discuté avec Martin et Loury, deux aventuriers pas comme les autres

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Par Nina Iseni

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Les deux amis nous ont offert un avant-goût de leur projet "Résilience : A True Story".

Loury et Martin se sont lancé un défi un peu fou. Il y a quatre ans, Martin a eu un accident qui l’a rendu tétraplégique. Loury, quant à lui, est un aventurier de l’extrême. Ensemble, ils ont embarqué dans une aventure exceptionnelle : le projet Résilience. Avec un matériel spécialisé, ils ont décidé de partir à l’aventure à la mer, la montagne, en passant par le désert et le cercle polaire. L’équipe a déjà effectué une première expédition dans les montagnes en Espagne et se prépare pour les prochaines.

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Au-delà de la performance sportive, Résilience est une réelle aventure humaine qui met en lumière l’accès à la nature pour les personnes à mobilité réduite. Les deux amis ont pris un peu de temps pour revenir sur leur première expédition et pour nous parler de la suite de l’aventure.

Konbini Sports | Salut Martin, salut Loury ! Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter chacun votre tour en quelques mots ?

Martin | Je m’appelle Martin Petit. Je suis créateur de contenu sur les réseaux sociaux. J’ai eu un accident il y a quatre ans qui m’a rendu tétraplégique, donc je suis en fauteuil roulant. J’essaye de sensibiliser sur les questions autour du handicap et sur des sujets sociaux qui m’intéressent. Mon handicap et mon histoire, je les considère comme des armes pour faire évoluer certaines choses. J’essaye de m’en servir pour faire avancer nos causes et défendre nos droits.

Loury |Je m’appelle Loury, j’ai 35 ans et j’habite à Biarritz. Je suis “papa explorateur”, c’est le terme que j’utilise ! Les moments où je ne suis pas en aventure aux quatre coins du monde, je suis dédié à mes deux petites filles. Mon travail, c’est de relever des défis extrêmes dans des endroits très reculés du monde.

Vous pouvez nous raconter l’histoire de votre rencontre ?

Loury | On s’est rencontrés via la mère de mes enfants. J’avais un projet auquel je réfléchissais depuis presque un an et que je voulais bâtir avec une personne à mobilité réduite pour sensibiliser sur l’accès à la nature mais également sur les dangers liés à l’exploration en règle générale. Je suis quelqu’un qui prend énormément de risques dans sa vie, il ne m’est jamais rien arrivé, et Martin a eu cette histoire folle, où il s’est blessé disons “bêtement”, et est devenu tétraplégique.

Pour moi, ça avait un vrai sens, et je me suis dit “je vais lui passer un coup de téléphone”. On s’est appelés, on a passé une heure au téléphone à refaire le monde, à partager nos valeurs. Et je lui ai dit “écoute, j’ai un projet fou, je vais t’emmener aux quatre coins du monde, tu vas voir, c’est possible”.

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Est-ce que vous pouvez expliquer à nos lecteurs ce qu’est le projet Résilience ?

Loury | Le projet Résilience, c’est l’histoire de deux mecs qui sont aux antipodes et qui se retrouvent pour partager à travers une aventure des moments de doutes, des moments d’exploits, des moments de pleurs, des moments de beauté. L’idée est de mener à bien des expéditions dans des endroits très différents.Une aventure dans le désert, une aventure dans le cercle arctique, à la montagne, et à la mer.

De donner de la force à tous les gens qui vont nous regarder, de leur montrer que c’est possible de partir dans des endroits comme ça alors qu’on est à mobilité réduite. Et on avait envie de partager ces choses-là avec beaucoup d’émotions. Je pense que Martin est la personne parfaite pour relever ce défi.

Martin | Loury est beaucoup plus extraverti que moi, je suis un peu plus discret et réservé. On a deux personnalités bien différentes et du coup, ça matche bien. On a les mêmes valeurs : la solidarité, l’entraide, la fraternité. Sans les garçons, je ne peux pas me permettre d’aller dans des endroits comme ceux-ci.

Pour moi, c’est également un challenge de mettre à disposition mon corps, j’ai juste ma tête et je dois gérer non seulement mon handicap mais aussi tout ce qui est lié aux troubles associés. Je leur fais confiance. Même si Loury est un peu foufou, il ne me fera pas prendre des risques inconsidérés, on va prendre des risques réalisables, mais ce n’est pas des choses qui vont me mettre en danger ou mettre en péril ma vie.

On se doute que l’aventure n’a pas été de tout repos et que vous avez dû faire face à des difficultés pendant votre première étape. Lesquelles ?

Loury | On le voit dans le teaser. On nous voit galérer. “Est-ce qu’on va réussir, est-ce qu’on ne va pas réussir ?” On explique à travers nos profils différents qui on est et ce qu’on fait. On se teste avec du matériel, entre nous. Pour le premier épisode, on est partis dans les montagnes espagnoles, dans un climat que je maîtrise relativement bien, avec du matériel que Martin a choisi. L’idée, c’était de confronter la projection que l’on se faisait de l’aventure à la réalité.

J’ai accepté de partir avec du matériel que je n’ai pas choisi, j’ai accepté que Martin prenne certaines décisions, il a accepté que j’en prenne d’autres et que je prenne le relais quand on était sur l’aventure… et c’est ce qui a fait que ça a extrêmement bien marché… C’est aussi ça, l’aventure, là on est dans un milieu que Martin maîtrise moins et c’est ça qui est beau, sortir de sa zone de confort.

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Qu’est-ce que cette aventure vous a apporté respectivement ?

Martin | Déjà, j’ai pu retourner dans des endroits que je ne pensais plus jamais revoir. Maintenant, je suis en ville, et c’est quand même une commodité pour moi, parce que c’est entre guillemets plus accessible, même s’il y a encore beaucoup de choses à faire… Mais c’est toujours plus accessible que la montagne. Là, je suis dans un élément où je n’ai pas du tout la main, je dois faire confiance, donc j’apprends à me dépasser mentalement, j’apprends aussi à savoir comment je réagis en montagne…

C’est important pour moi d’avoir cette réalité en face pour pouvoir mieux me préparer après, et au-delà de ça, ça me permet de gagner en confiance parce que tu te rends compte que tout est possible dans la mesure où les choses sont bien alignées : avoir les bonnes personnes, le bon équipement, et faire les choses intelligemment.

Loury | Oui c’est ça ! Ça nous a déjà beaucoup appris sur l’un et l’autre. Est-ce qu’on est capables de mener des aventures ensemble ? Parce que s’il y a du craquage ou du pétage de plombs… Mais ça n’est pas arrivé, on s’est tous prêté au jeu. Ça a parfaitement fonctionné. L’idée c’était de se dire : “OK, est-ce qu’on est vraiment prêt à partir à l’aventure ensemble ?” On a appris à se faire confiance, à gérer des situations dans lesquelles on n’a pas l’habitude de se retrouver… on a beaucoup appris en se disant “OK, tout est faisable”.

Il y a également un engagement vis-à-vis de l’environnement à travers ce projet, vous pouvez nous en parler ?

Loury | On a fait le choix de ne pas s’écarter à plus de deux heures d’avion parce que c’est important que notre impact carbone soit modéré. L’accès à des choses incroyables dans la nature, ce n’est pas forcément à l’autre bout du monde. En allant en Norvège, au Maroc, en Suisse et sur l’océan Atlantique, on a déjà accès à toutes ces choses. C’est important pour moi de montrer que, sans partir très loin, on peut vivre le grand frisson.

Un dernier mot pour la fin ?

Loury | Il ne faut pas se mettre de barrières, il faut croire en ses rêves et en la faisabilité de plein de projets. On peut toujours vivre des choses incroyables.

Pour suivre la suite du projet ainsi que toutes les autres aventures de Martin et Loury, rendez-vous sur leur compte Instagram.